Aujourd’hui, je vous offre ce genre recette qui n’a rien de spectaculaire dans sa présentation, mais dont la magie opère dans le quotidien. Un ragoût (rien de moins ragoutant que le mot ragoût, je suis d’accord- et pourtant !) Ce râgout là est Arménien, mais on le retrouve aussi dans la cuisine Libanaise et Syrienne. Un ragoût de gombos. Ou d’okras ou bamia ou bamieh en arabe ou Tour Eiffel, comme nous l’appelions avec mon frère quand nous étions petits (et encore aujourd’hui, j’ai demandé à ma mère : “tiens, tu voudrais pas me filer la recette des Tours Eiffel ?”)
Allez savoir pourquoi, on ne retenait pas le nom en arabe et trouvions que les gombos avaient la forme de la Tour Eiffel. Il ne faut vraiment pas chercher plus loin… Des réminiscences de notre côté Français, sans doute. D’ailleurs, j’écris ces lignes alors que je porte une marinière, ça veut tout dire, nan ?
Pendant très longtemps (jusqu’à environ mes 16 ans… hem), je n’ai pas cherché à connaître le nom Français du bamia me contentant parfaitement de Tour Eiffel, exprimé dans un râle pour faire comprendre à ma mère que j’avais envie d’en manger.
Et un jour j’ai vu sur l’étiquette le nom en Français : gombo. On dirait le nom d’un nain. D’ailleurs, les meilleurs gombos sont nains. Sérieusement.
Trop longs, ils sont davantage visqueux, filandreux et pleins de graines (ceux-là d’environ 6 cm (2 po ½), qui sont les seuls que j’ai trouvé, étaient OK niveau texture mais je préfère définitivement les plus petits).
J’ai aussi appris que le gombo était très populaire du côté du Texas, de la Louisiane, où l’on a l’habitude de les faire frire (ah cette habitude qu’ont les Américains de tout faire frire ! Si je ne détestais pas tant la friture, j’essayerais bien) ou de le déguster en soupe (le gumbo). C’est bien l’ultime preuve que nos amis Américains aiment la Tour Eiffel ! ;-)
Enfin, sachez que le gombo est un être fragile et gluant. Qu’il devient tout mush-mush-gélatineux crotte-de-nez (selon les mots de ma mère—j’ai été aussi choquée que vous !) à la cuisson d’où le besoin de le faire tremper dans de l’eau vinaigrée si vous les achetez frais ou en conserves.
Je sais, c’est pas sexy, c’est pas mignon, c’est du ragôut mais qu’est-ce-que c’est boooon !
Recette du bamia (ragoût de gombos ou okras ou Tour Eiffel !)
Pour 4 personnes
INGRÉDIENTS
– 500 g de gombos frais*, surgelés ou en conserve (si frais ou en conserve, les rincer, et les faire tremper 1h dans de l’eau froide avec 2 CS de vinaigre, rincer de nouveau)
– 350 g de veau (ou agneau), en petits cubes
– 1 oignon, coupé en dés
– 3 gousses d’ail, finement émincé
– 2 C.S. de concentré de tomate (pâte de tomate)
– 2 C.S. d’huile d’olive
– 1 tomate, coupée en dés (c’est un ajout personnel par rapport à la recette de ma mère- j’ai utilisé le fond d’une boîte de tomates en dés que j’avais dans mon frigo)
– 1 bonne poignée de coriandre fraîche
– 1 c.c. de coriandre séchée
– 1/2 c.c. de cumin
– 1/2 c.c. de piment
– 1 pincée de cannelle
– Sel, poivre
– Jus de citron
DO IT YOURSELF
Dans une grande casserole, faire revenir l’oignon et les cubes de veau dans l’huile d’olive, jusqu’à ce que les oignons deviennent translucide et que la viande colore. Ajouter l’ail et la coriandre fraîche et remuer.
Ajouter les gombos et faire revenir pendant 5 minutes (en faisant attention de ne pas remuer trop fort, les gombos sont fragiles, mais si ils sont congelés ça ira à ce stade-là de la cuisson).
Ajouter les tomates en dés, la pâte de tomate et les épices. Saler, poivrer.
Ajouter le jus de citron** (2 CS environ).
Recouvrir d’eau jusqu’à hauteur et porter à ébullition.
Baisser le feu et laisser mijoter à couvert pendant 45 minutes ou jusqu’à ce que les gombos soient tendres. Servir avec du pain pita et/ ou un riz Libanais (riz blanc avec des vermicelles).
Notes sur la recette :
* Si vous utilisez des gombos frais, il faut retirer partiellement”la tête” mais surtout ne pas la couper (je pense que ça libère la substance gélatineuse contenue à l’intérieur du gombo ! ouuuuuhhh!)
** Un ajout personnel encore une fois, mais qu’on retrouve dans de nombreuses versions.
On peut manger le bamia à la cuillère (comme mon père qui mange presque TOUT avec une cuillère !) si les gombos sont assez petits et les morceaux de viandes aussi… sinon, couteau-fourchette, comme d’hab’!
Retrouvez d’autres façons de cuisiner le bamia ici, ici et là.
16 Commentaires
Un beau plat goûteux que je mangerais bien pour le souper!
Bises,
Rosa
Je te félicite! Malgré «un genre recette qui n’a rien de spectaculaire dans sa présentation» tu réussis à la photographier divinement. La seule et unique expérience que j’ai eue avec les gombos était DÉSASTREUSE. L’expression de ta mère serait tout à fait adéquate pour qualifier mon contact avec ce légume étrange et je n’ai jamais osé depuis. J’aimerais bien goûter à ton ragout par contre!
J’aime bien ta recette et la petite histoire qui va avec ! Je ne connaissais pas les gombos, mais vu le témoignage précédent, ça n’a pas l’air facile à apprivoiser. Je goûterais bien aussi par curiosité et puis ça a l’air bon !
Bises
J’avoue, les ragoûts sont rarement appétissants en photo (quoi que, tes photos sont belles et me donne envie de plonger la tête dans l’assiette, oui rien que ça, non je n’exagère pas :D). De toute façon il y a de la coriandre dans ta recette, ça ne peut être que BON !
Je n’avais jamais entendu le mot “gombo”, c’est donc un légume ? En goût ça ressemble à quoi ?
Et bien je viens de découvrir le gombo (moi je trouve que ça fait peuple d’Afrique ou Tribu Equatoriale). Merci beaucoup pour cette découverte, et tes photos toujours aussi parfaites.. (rageantes même ! :D)
A bientôt !
Je rajouterai à ton billet que le gombo est un ingrédient que l’on utilise pas mal en Afrique centrale, c’est la même recette que la tienne sauf que chez nous, on coupe les gombos en rondelles (1cm), la texture est deux fois plus gluante, et c’est ça tout le charme du plat. J’avais publié sur mon blog il y a super longtemps http://mespechesmignons.com/2006/09/25/a-la-dcouverte-du-gombo/
@ Rosa : merci Rosa ! Il est simple et bon à faire, je te le conseille !
@ Nini : Merci ! Beaucoup. On ne peut pas dire que je sois satisfaite de mes photos… mais bon, il y a des jours sans… En tout cas, c’est vraiment une recette que je tenais à partager pour tous les souvenirs et le goût de l’enfance qu’elle me rappelle. C’est sûr que l’okra est capricieux mais si tu prends les précautions-anti-crotte-de-néesque, tout devrait bien se passer ! ;) (et puis, je n’ai vraiment eu aucun souci avec ceux qui sont surgelés !)
@ Zelda : merci ! Oui c’est bon. C’est sûr, ça n’est pas aussi époustouflant qu’un cheesecake ou mignon qu’un macaron, mais c’est un plat de la vrai vie ! J’espère qu’il te plaira si tu le testes ! (n’hésites pas à me dire)
@ Annouchka : ton commentaire me fait troooop plaisir (comme à chaque fois !) Alors, oui, c’est vrai que j’ai zappé de publier une photo du gombo cru ! Il est (aussi) appelé corne Grecque et il a justement cette forme de corne en forme de gros haricot vert bombé et nervuré (et gélatineux à l’intérieur quand on le fait cuire– mais c’est bon !) Une photo vaut mille mots, alors je t’invite à googliser ça ! Et surtout, le truc que j’ai appris en rédigeant mon article, c’est que le gombo n’est même pas un légume, mais une plante. Unbelievabeule!
@ Gourmandiseuse : Tu n’es pas si loin… On retrouve aussi le gombo en Afrique et aussi dans la cuisine Créole ! Merciii !
@ Christell : merci beaucoup pour ton ajout constructif et OUI à la démocratisation du Gombo ! ohoh!
On n’est jamais satisfaites de nos photos et l’on bave sur celles des autres. Bienvenue dans le club! Mais fais-nous confiance, tes photos sont géniales.
Justement, ce sont les surgelés que j’ai achetés pour faire de la purée de bébé, qui finalement a été à la poubelle. Je crois qu’il faut bien connaitre la «plante» ( un légume n’est pas une partie d’une plante?) et avoir une bonne technique pour bien les apprêter. Merci de nous donner l’occasion de découvrir.
Tsssk c’est le côté visqueux qui m’a toujours retenue, mais si petits ils le sont moins… Je vais tenter ! (photos toujours aussi belles au passage… Faut le faire un ragout sexy !)
oh t’es dur avec toi meme! c’est qd meme bien mi en valeur je trouve!
J’aime toujours lire avec plaisir ton article accompagnant tes recettes, encore une fois, je ne suis pas déçue (doux euphémisme)..et la recette n’est pas mal non plus !!!
Bises
caro
@ Nini : <3 merci de tes mots et de ton soutien ! Et je t'invite à tester la recette… j'espère que tu aimeras !
@ 1aixoise : merci beaucoup !!
@ pose gourmande : merci Julia !
@ CarO’ : merci beaucoup. À très vite sur le blog. J’espère que tu testeras cette recette qui me tient à coeur !
les ragoûts peuvent-ils être photogéniques ? j’en doute, déjà le nom… mais ce qui compte, c’est le goût, et je suis sûre que c’est délicieux, rien que de lire les ingrédients, ça me donne faim, et je sens presque les odeurs de l’autre côté de l’océan !
Christelle, je suis à Austin au SXSW et dans une grande épicerie mexicaine où j’ai flâné au moins 1h30, j’ai trouvé des gombos frais. J’ai pensé à toi et j’en ai acheter quelques uns, mais je n’ai pas encore goûter. Par contre j’ai mangé des cactus qui était TRÈS crotte de nez et c’était délicieux. En plus j’ai trouvé du liquid smoke. Il y a un moment que je cherchais ça (pour les recette de steven Raichlen évidemment!) Il y avait une multitude de produits que je n’avais jamais vu de ma vie! Il y aura bientôt un billet sur le Texas. Hi Haw!
Oh, ton plat me fait chaud au coeur !
Les bamya sont toute mon enfance ;)
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