Un truc m’obsédait tout du long où je travaillais sur les recettes du bouquin : enfin retrouver le temps de cuisiner les recettes d’autres personnes (et de faire du pain aussi).
Pourtant, à cuisiner autant, on aurait pu croire (moi la première) que j’aurais eu envie de mettre mon cerveau sur un autre sujet que la bouffe quand il en avait l’occasion. Eh bien non.*
J’avais hâte de feuilleter de nouveau mes livres préférés, d’y choper une astuce que je réinvestirais alors dans une autre recette. De manger “autre chose que mon livre”.
Préparer la recette d’une autre personne, c’est un peu comme se retrouver en cuisine avec elle. On noue son tablier et on plonge dans son univers. Ses ingrédients de prédilection, ses techniques fétiches. Je crois que c’est toujours ce que j’ai préféré des livres de recettes.
Oui, bien sûr, il y a les recettes en elles-mêmes –qu’on veut bonnes de préférence– mais je vous l’ai déjà dit, je lis mes livres de cuisine chéris de la même façon que je lirais un roman. Comme ceux de Sara et Hugh, de Clotilde ou celui de Fanny. Le beau Paris Pastry Club.
Je me souviens bien quand j’ai reçu son livre. Je l’attendais depuis qu’elle avait annoncée qu’elle en préparait un sur son blog. Et ceux qui lisent ce blog depuis longtemps savent sans doute que je suis Fanny depuis presque aussi longtemps.
Là, son livre arrivait pour vrai. Chez moi. En plein milieu d’un shooting pour mon livre ! Douce ironie.
J’ai arrêté mon shooting. Il n’y a pas grand chose dans la vie capable de me faire arrêter un shooting, à part peut-être ma mère qui m’appelle 80% du temps en plein milieu d’une photo (“Ah, t’as cuisiné quoi ?”, “Un tiramisu”, “Ah oui, c’est bon le tiramisu, tiens je vais en préparer un aux pêches blablablabla…” <– Comme vous pouvez voir, la pomme ne tombe jamais trop loin du pommier).
Mais là, j’ai arrêté. Bon, pas longtemps mais juste assez pour en feuilleter quelques pages, sentir le papier sous mes doigts (et avec le nez, j’adore sentir l’odeur d’un livre ou d’un magazine neuf !), m’imprégner des délicieux noms de recette, admirer les douces photos d’Helen Cathcart et lui murmurer un “à ce soir” (je suis la fille qui murmure à l’oreille des livres). Le soir venu, je savais que j’allais le lire d’une traite.
Et c’est ce que j’ai fait. Je suis terriblement prévisible.
Même si c’est un livre de pâtisserie, la grande majorité des recettes sont simples et bien expliquées. Fanny détaille aussi quelques techniques et donne des bons trucs au fil des pages. C’est vraiment loin d’être un livre intimidant. Beaucoup de recettes me faisaient de l’oeil mais je savais que je n’aurai pas le temps de les cuisiner avant d’avoir remis mon manuscrit.
C’est donc après plusieurs mois que j’ai enfin pris le temps de baptiser mon Paris Pastry Club avec ce gâteau à la betterave. Je cherchais depuis longtemps une bonne recette de gâteau à la betterave –et comme le dit Fanny dans l’intro à la recette– elles sont souvent avec du chocolat. Comme elle, j’avais envie d’un gâteau sans chocolat. Juste betterave. Juste rose.
Au final, il est un peu bicolore, le mélange était pourtant rose vif, mais il sorti comme ça. Plus rose sur le dessus. C’est pas bien grave. Je l’aime pareil. Beaucoup.
J’ai quand même eu envie de le recouvrir de quelques petites fraises québécoises dont j’abuuuuse dernièrement et aussi parce que j’ai auto-proclamé en me levant samedi matin que ça serait la semaine de la fraise (je dis d’ces trucs quand j’ai dormi 10 h !)
J’ai aimé la touche fruitée qu’elles apportaient à ce gâteau davantage automnal qu’estival… mais j’avais déjà tellement attendu pour le cuisiner, que je ne pouvais pas me résoudre à encooore attendre l’automne. Puis je dois avouer que les betteraves si minis-si mignonnes de mon épicerie ont eu raison de moi ! Enfin, ça me donnait l’occasion de jouer aux devinettes culinaires avec l’Homme (un de mes jeux préférés). Vous auriez du voir sa tronche quand je lui ai dit que le gâteau était à la betterave. Les fraises sur le dessus l’ayant induit en erreur, il a à peu près nommé tous les fruits rouges de la planète avant que je lui révèle de quoi le gâteau était fait.
Bien sûr, le gâteau est tout aussi délicieux sans garniture. Il est du genre ultra-moelleux et réconfortant.
Du genre que vous partageriez avec une amie un lendemain de veille.
En papotant dans sa cuisine, en trinquant avec des tasses à café et en la félicitant encore pour son superbe livre**.
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* Enfin, on ne va pas se mentir, bien sûr il y a eu les jours sans, les soirs où “c’est toi qui fait à souper, parce que si je touche une casserole, je m’auto-combustionne”… mais ça revenait toujours et étonnamment vite.
** Les blogs ont ça de fou : même en n’ayant jamais (encore !) rencontré Fanny, j’ai su –du moment où j’ai lu les premières lignes de son blog– que je la suivrai pour des années.
Note de transparence : j’ai reçu un exemplaire du livre de la part de l’éditeur de Fanny sans obligation d’en parler. Les opinions sont les miennes ainsi que tout l’amour que j’ai dans mon coeur pour son travail et ses recettes.
Gâteau à la betterave
Pour 8 personnes
INGRÉDIENTS
– 3 {gros} oeufs
– 175 g (6 oz) de sucre en poudre super fin
– Les graines d’1 gousse de vanille
– 250 g (9 oz) de betterave crue {environ 2 betteraves moyennes ou 5 très petites}, pelées et très finement râpées
– 175 g (6 oz) de farine blanche tout usage
– 10 g (1/2 oz ou env. 2 c.c.) de poudre à pâte {ou levure chimique}
– 1 c.c. de cannelle moulue
– 120 g (4 1/4 oz) de beurre, fondu
DO IT YOURSELF
Mes notes sur la recette sont en italique, entre les accolades.
1) Préchauffer le four à 170˚C (340˚F). Beurrer généreusement et chemiser un moule à gâteau de 22 cm (9 1/2 po) de papier parchemin {= papier sulfurisé} .
2) Fouetter les oeufs avec le sucre et les graines de vanille pendant 3 à 5 minutes, jusqu’à ce que le mélange soit mousseux et double de volume.
3) Incorporer délicatement la betterave râpée, la farine, la poudre à pâte et la cannelle et mélanger jusqu’à ce que l’appareil soit lisse.
4) Ajouter quelques cuillerées de l’appareil au beurre fondu (il ne doit pas être trop chaud) et battre vigoureusement jusqu’à ce que le mélange soit homogène, puis ajouter le mélange au reste de l’appareil. Mélanger.
5) Verser l’appareil dans le moule et cuire au four pendant 25 minutes {50 minutes dans mon four} ou jusqu’à ce qu’un cure-dent inséré au centre du gâteau ressorte propre et sec.
6) Laisser tiédir sur une grille et transférer sur l’assiette de service.
NOTES :
Pour les fraises au sirop, j’ai simplement réalisé un sirop simple (quantité égale de sucre et d’eau) que j’ai chauffé jusqu’à ce que le sucre soit dissout, j’ai ensuite ajouté 1 c.c. de Galliano Vanille (une liqueur qu’on pourrait remplacer par les graines d’1 gousse de vanille ou 1 c.c. d’extrait de vanille pure) et les fraises coupées en morceaux. J’ai laissé chauffer quelques minutes, puis laissé tiédir et épaissir le sirop hors du feu avant d’en arroser le gâteau.
Recette originale © Fanny Zanotti, tirée du livre Paris Pastry Club reproduite et traduite avec l’autorisation de la maison d’édition. Hardie Grant Books (UK), 2014