Je suis quelqu’un qui doute. Souvent. Tout le temps. Je n’ai jamais eu confiance en moi. On dit que la confiance s’acquiert, que c’est quelque chose que je pourrais travailler avec un.e psy, qu’il suffit de regarder autour de moi, d’apprécier le moment présent, ce que la vie m’offre. De pratiquer le hashtag #gratitude. ;-) Oui tout ça, si tu veux. Mais reste que je n’ai pas confiance.
Les bons jours, je me dis que ce manque de confiance me permet de repousser mes limites, d’aller plus loin, et surtout de ne pas être une personne complètement imbue d’elle-même : une parfaite connasse, quoi.
Les mauvais jours –et je sais que les éternels manqueux de confiance en eux me comprendront –ça me freine pour avancer. Beaucoup. Trop. En gros, je n’ai besoin de personne sur ma Harley Davidson pour me saboter, je me mets des bâtons dans les roues toute seule.
Ce manque de confiance va de pair avec mon perfectionnisme. V’là une autre affaire.
Pour me prouver que je ne suis pas la plus finie des pourries, je mets les bouchées double. Sciemment ou non, d’ailleurs. Je bûche. Je peaufine. Je retravaille. Je recommence. Je m’épuise.
Je vous en ai déjà parlé ici et là sur le blog –des mots distillés entre une phrase qui fait sourire et une recette. Et si vous lisez un peu entre les lignes, vous aviez déjà dû vous en rendre compte.
Je suis pudique, mais ne m’en cache pas. Je ne me sens pas mal. Enfin, pas plus mal qu’un.e autre. Je suis juste fatiguée d’être ma pire juge.
Évidemment, dans ce gros bordel intérieur, j’essaye de faire fi du jugement des autres, de ne pas me comparer… mais c’est toujours plus facile à dire qu’à faire.
Bref, pourquoi je vous dis ça là ? La vérité, c’est que ça fait des mois (des années ?) que ça veut sortir… mais que je n’arrive pas à le faire sortir. La peur du jugement dont j’essaie de faire fi, sans doute.
C’est maintenant que ça se passe. Encore faut-il que j’aie la confiance d’appuyer sur le bouton “publier”. ;-)
Et il y a eu ce gâteau.
Vous voyez, ça fait plusieurs jours que j’avais envie de manger un bon vieux quatre-quarts. Je l’ai déjà dit, mes gâteaux préférés sont ceux là : nus, simples et sans artifice.
En fin de semaine dernière, j’ai cuisiné ce gâteau à l’abricot et aux pistaches d’Aran pour des amis. Il me faisait de l’oeil depuis longtemps. La pâte autour des fruits a eu un peu de mal à cuire, malgré un temps de cuisson de plus d’1h. J’ai trouvé qu’il y avait un peu trop d’abricots dans la pâte (ou peut être les miens étaient trop gros ?), mais c’était quand même bon.
Quelques jours plus tard, j’ai eu envie du gâteau au vinsanto de Giulia… et voilà comment ce quatre-quarts est né : de la rencontre de deux recettes, de deux envies, et de merveilleuses pêches de l’Ontario au goût si sucré dont il faut profiter avant qu’elles ne disparaissent.
J’ai réalisé mon quatre-quarts à l’huile d’olive et remplacé le vinsanto par du cidre de glace –comme je conseillais dans ma chronique (ça pourrait d’ailleurs être un autre vin dessert si vous avez du mal à trouver ces deux alcools)–, et ajouté une pêche tranchée sur le dessus (vous pourriez en mettre deux !) : je vous le dis tout de suite, j’ai trouvé ça délicieux.
Ce que j’avais à moitié prévu (je me rappelais que le gâteau gonflait beaucoup !), c’est que les pêches coulent dans la pâte… Julia Child m’engueulerait de vous le dire (“c’était exactement l’effet escompté !” que je devrais vous dire à la place), mais mon honnêteté couplée à mon autodérision –fruit même de mon manque de confiance en moi– m’oblige à vous le dire pareil.
Je n’avais pas vraiment prévu de partager la recette sur le blog. Je voulais juste me faire plaisir en cuisinant le gâteau dont j’avais envie.
Puis je me suis dit : “pourquoi ça devrait toujours être parfait quand je publie sur le blog ?” En fait, si il y a bien une place où ça ne devrait pas être tout le temps parfait, c’est bien sur le blog. J’ai toujours vu mon blog comme mon labo d’expérimentations. De recettes. De photos. De mots.
J’avais aussi un nouvel appareil photo à tester. Je l’ai loué pour quelques jours*. Pour voir un peu. Et m’amuser avec. J’ai vraiment eu du fun sur cette série photo. Bon, vous ne voyez peut-être pas la différence, mais j’ai pu essayer des trucs que je voulais essayer depuis longtemps.
J’ai fait une petite vidéo, par exemple. Imparfaite. Très. Mais je l’ai faite. Fait, c’est mieux que parfait.
Ça m’a pris tout mon petit change pour la partager sur mes réseaux sociaux. Faut dire que ça fait plusieurs vidéos que je supprime parce que j’aime pas ma voix, ma face, ou le cadrage ou… bref, ce n’est jamais assez bien pour moi. Je ne suis jamais assez bien pour moi.
On y revient.
Comme beaucoup d’entre vous, je pense que j’apprends à m’aimer. Que ça peut –ça sera– le travail de toute ma vie. Tout comme cette confiance en moi ou de savoir ce que je veux vraiment dans la vie.
En attendant, j’essaye.
Puis ce blog, et vous qui me lisez, me donnez ce courage, cette force d’essayer.
Je suis et resterai très critique sur mon travail, mais tente de ne pas oublier où j’ai commencé.
Je n’oublie pas que si un jour je ne m’étais pas dit “ouvre-le ce putain de blog, n’attends pas le moment parfait !” et commencé à partager mes mots et mes images, je ne ferai pas ce que je fais aujourd’hui.
Vous écrire là, avec ce sentiment que je serai lue. D’avoir cette chance d’un petit peu vous inspirer. Ou juste sourire.
Je dis souvent que mon blog travaille pour moi. C’est mon ambassadeur. Mon portfolio. Mon agent. Mon René Angélil. Moi, toute seule, je n’y arriverais pas. Pourtant, c’est le meilleur exemple de ce que je sais faire.
Parce qu’un jour, j’ai osé plonger.
Sans savoir sur quoi j’allais buter.
Juste pour le goddamn sake d’essayer de faire quelque chose.
Vous cuisinez mon quatre-quarts aux pêches ? Montrez-le moi sur Instagram en utilisant le hashtag #Christelleisflabbergasting pour que je puisse le voir, ou épinglez-le sur Pinterest pour le préparer plus tard !
* Il s’agit du Fujifilm X-Pro2 que j’ai loué avec un objectif 35 mm 1.4 chez Lozeau, à Montréal… J’ai été bluffée par la qualité de l’appareil ! Et le poids plume qui me fait complètement chavirer moi qui rechigne TOUJOURS à traîner mon gros 5D en voyage. De quoi me donner envie de revendre tout mon matériel Canon… !
Quatre-quarts aux pêches et cidre de glace
Pour 1 moule rectangulaire de 23 cm x 13 cm (9 po x 5 po)
INGRÉDIENTS
– 200 g (1 tasse) de sucre ou sucre de canne brut
– Les zestes d’un citron biologique, de préférence
– 3 œufs extra gros ou 4 œufs moyens
– Une mignonette de cidre de glace (env. 50 ml / 1/4 de tasse… ou un peu plus ;-)) ou autre vin dessert sucré
– 165 ml (2/3 de tasse) d’huile d’olive, et un peu pour huiler le moule
– 200 g (1 2/3 tasse) de farine tout usage non blanchie
– 2 c. à thé (c.c.) de poudre à pâte (levure chimique)
– 2 pêches de l’Ontario, dénoyautées et finement tranchées
– Sucre à glacer (sucre glace), pour saupoudrer
– Pistaches non-salées, finement concassées, pour servir (facultatif, il m’en restait de mon premier gâteau)
DO IT YOURSELF
1) Préchauffer le four à 180°C (350°F). Huiler un moule à gâteau rectangulaire de 23 cm x 13 cm (9 po x 5 po) et recouvrir de papier parchemin (papier sulfurisé). Réserver.
2) Dans un grand bol, mélanger le sucre et les zestes de citron du bout des doigts, jusqu’à ce que le sucre devienne humide et parfumé. Ajouter les œufs un à un, puis le cidre de glace, en continuant de fouetter. Ajouter l’huile d’olive en filet et mélanger.
3) Ajouter la farine petit à petit, la poudre à pâte et fouetter jusqu’à ce que le mélange soit homogène.
4) Verser la moitié du mélange dans le moule réservé, répartir les tranches d’1 pêche sur toute la longueur du moule. Recouvrir du reste de la préparation et répartir les tranches de la 2e pêche sur le dessus. Cuire au four pendant 45 à 50 minutes, ou jusqu’à ce que le gâteau soit cuit (voir notes).
5) Retirer le gâteau du four et laisser tiédir sur une grille. Démouler et servir saupoudré de sucre à glacer (sucre glace) et parsemé de pistaches concassées, si désiré.
NOTES :
• Le temps de cuisson peut varier d’un four à l’autre, au besoin prolonger la cuisson 5 à 8 minutes. C’est ce qui est toujours un peu tricky quand on a des fruits dans de la pâte à gâteau. Pensez à bien piquer le centre du gâteau pour vous assurer que le mélange soit cuit. C’est normal qu’il reste toujours un peu humide autour des fruits. La meilleure façon de procéder est d’utiliser un testeur de cuisson à gâteau… car généralement le cure-dent n’est pas assez profond ! #BeenThereDoneThat
• Recette adaptée du gâteau à l’huile d’olive et abricots d’Aran et du quatre-quarts au Vinsanto de Giulia.